En 50 ans, le Centre d’activités françaises (CAF) est passé d’une association sans employé, logé dans un petit local de rien à Penetanguishene, à l’organisme communautaire francophone La Clé d’la Baie doté d’un édifice à trois étages avec pignon sur la rue Main ainsi que des locaux à Barrie, d’une cinquantaine d’employés et d’un budget annuel de 3,5 millions de dollars. Un demi-siècle d’engagement auprès de la francophonie du comté de Simcoe, ça se fête et c’est bel et bien l’intention de La Clé le 21 septembre prochain.
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Micheline Marchand
IJL – Réseau.Presse
– Le Goût de vivre
Des débuts modestes de zéro à 50 employés
Tout a commencé le 7 janvier 1974. Le CAF voyait alors le jour dans un local minuscule du 9 rue Simcoe à Penetanguishene prêté par le Dr Germain Gauthier. Malgré le manque de moyens, le CAF se donne comme mandat de promouvoir la culture et les arts en offrant à la communauté française du comté de Simcoe des programmes de formation et de détente. Au cours des années, il organisera des activités sociales, communautaires, artistiques, culturelles et touristiques. Le premier conseil d’administration du CAF regroupe : Roland Desroches, à la présidence, Joan Northcott à la vice-présidence, Suzanne Brunelle au secrétariat, Germain Gauthier comme trésorier et les conseillers Anita DeVillers, Marc Maurice, Juliette Maurice et Viateur Laurin. Paul DeVillers agit comme conseiller juridique.
En 1977, le CAF réussit à acheter et à s’installer dans l’ancien bureau de poste de Penetanguishene au 63 de la rue Main. À peine quelques années plus tard, la une du Goût de vivre du 5 juillet 1984 présentera une photo de Roland Desroches et Basile Dorion qui mettent le feu à l’hypothèque de l’édifice et rapportera que : « M. Desroches a allumé l’allumette qui confirmait le fait que le bel édifice de la rue principale appartient maintenant aux francophones d’ici. »
Le CAF marque l’histoire de l’Ontario français
Michèlle Laurin, une employée du CAF et ensuite de La Clé depuis 35 ans, est un peu la mémoire vivante de l’organisme. L’édifice du 63 de la rue Main, elle l’a connu jeune. En 1979, elle comptait parmi les élèves de l’École secondaire de la Huronie, une école de protestation illégale aménagée dans les locaux du CAF au cours de la crise scolaire de Penetanguishene. Comme le CAF, elle a participé à l’histoire de l’Ontario français à travers cette célèbre crise qui a mené à l’obtention de l’École secondaire Le Caron.
Par la suite, Michèlle Laurin a travaillé à la Boutique Chez-Nous, qui offrait des produits en français dans le sous-sol du CAF, ainsi qu’au Café de la Cour. Plus tard, elle a œuvré un an à Radio-Huronie et, depuis 1990, elle s’occupe de la comptabilité de l’organisme. En 1996, elle a vécu la transition quand le CAF s’est uni à l’ACFO-Huronie et à la radio CFRH pour former La Clé d’la Baie, une association culturelle francophone qui augmente l’efficacité des trois organismes à offrir leurs services en français dans le comté de Simcoe. En 2006, le Centre multiservices francophone du comté de Simcoe se joignait à l’organisme pour rajouter un mandat de services sociaux et de santé.
D’après Michèlle Laurin, la création de La Clé a engendré quelques changements : « On offre beaucoup plus de services. On veut offrir le plus possible. » Par rapport à l’édifice, elle constate que : « Même s’il y a eu des rénovations, comme les nouvelles fenêtres, l’aspect physique de l’édifice n’a pas changé et c’est la même atmosphère. »
Les fêtes du carnaval d’hiver dans la Grande Salle (la salle Roland-Desroches) figurent parmi les activités mémorables pour Michèlle Laurin. « C’est un événement rassembleur, affirme-t-elle, qui amène les gens dans la salle. Et les gens sont heureux d’y participer. »
La coordonnatrice artistique de La Clé, Julie-Kim Beaudry, note que : « Nous organisons plusieurs événements culturels par année, en moyenne, un par mois et nous nous assurons de couvrir tout le territoire du comté de Simcoe : de Barrie à Lafontaine en passant par Orillia, Wasaga Beach, Midland et Borden. Grâce au soutien financier de plusieurs bailleurs de fonds et partenaires, nous présentons des spectacles variés, pour tous les âges. »
La Clé : un organisme unique
De son côté, la directrice de La Clé, Tina-Anne Thibideau, souligne que : « La Clé est un des plus gros organismes communautaires francophones en Ontario, comptant plus de 50 employés et qui dessert un des plus grands territoires également. On se démarque par notre désir et notre passion d’offrir aux francophones et francophiles du comté de Simcoe des services de qualité tout en misant sur le bien-être de la communauté. »
Peter Hominuk, l’actuel directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a été le directeur général de la Clé de 2000 à 2011. Au téléphone depuis Ottawa, il parle des bienfaits évidents de la création de La Clé. « C’est un modèle que l’AFO encourage, précise-t-il. Dans les régions où il y a eu ce genre de consolidation de structures, où il y a un organisme plus fort, ces régions vont beaucoup mieux au niveau des services en français. »
« La structure de La Clé est unique, ajoute Peter Hominuk. Il n’y a aucun autre organisme en province qui a réussi à mettre tout ça, des garderies, des services culturels, des programmes d’emploi, des services communautaires, ensemble. C’est une combinaison qui a été très gagnante. »
Les célébrations du CAF, un rendez-vous le 21 septembre prochain
La jeune Clé va fêter le cinquantième anniversaire du vieux CAF. Tina-Anne Thibideau est heureuse d’annoncer que : « La Clé prévoit célébrer avec un spectacle double plateau pour la communauté et des grignotines au 63 rue Main le 21 septembre prochain. Un PowerPoint de photos des 50 dernières années sera affiché et nous allons inviter nos partenaires communautaires, des individus clés des 50 dernières années ainsi que nos politiciens et politiciennes de la région et toute la communauté à se joindre à nous. »
Ainsi, un autre jalon dans l’histoire de la francophonie de la région sera commémoré. « Il y a quelque chose de magique dans la Huronie, croit Peter Hominuk. J’ai rencontré plein de gens qui sont passés par le Centre d’activités françaises et ça les a tous marqués d’une bonne façon. Il y a une résilience dans cette communauté qui inspire l’admiration. »
Que serait l’opinion de ceux et celles qui ont donné naissance au bébé du CAF par rapport à l’adulte de cinquante ans d’aujourd’hui ? D’après Michèlle Laurin : « Je pense que les fondateurs seraient fiers de ce qu’est devenu le Centre. C’est une bonne chose qu’il soit toujours capable de desservir la communauté en français. Le besoin est là. »