La crise scolaire de Penetanguishene présentée en dix moments forts

← Retour en arrière

Le matin du lundi 3 septembre 1979, l’École secondaire de la Huronie ouvre officiellement ses portes devant une foule de 150 personnes derrière le Centre d’activités françaises (CAF). Plutôt que de couper un ruban, deux élèves, Monique Robitaille et Yves Marchand, avec l’aide de Roland Desroches, scient une bûche pour symboliser la difficulté d’obtenir une école secondaire de langue française à Penetanguishene. 
Photo :  Collection de La Clé d’la Baie

Les 1er, 2 et 3 septembre 1979, lors de la longue fin de semaine de la fête du Travail, une Grand’ Fête souligne l’ouverture de l’École secondaire de la Huronie (ÉSH). Des francophones des quatre coins de l’Ontario se joignent en solidarité aux gens de la région de Penetanguishene pour participer à une gamme d’activités et des prestations d’artistes, dont le poète Jean-Marc Dalpé, le Théâtre de la Vieille 17 et le groupe musical Purlaine.

Le samedi 1er septembre, les gens font une croisière à bord du Georgian Queen. En même temps, un bateau de plaisance piloté par un parent, Claude DesRochers, et avec à bord trois jeunes de l’ÉSH (Marie-France Galbraith, Bernadette Marchand, Victor Dupuis), et trois militants (Paul Tanguay, Raymond DesRochers, Jules Villemaire), se rend dans l’île où le premier ministre ontarien, Bill Davis, séjourne à son chalet. Au cours de cette visite improvisée, le groupe s’entretient amicalement pendant une vingtaine de minutes avec le premier ministre et lui remet un drapeau franco-ontarien.

Le matin du lundi 3 septembre 1979, l’ÉSH ouvre officiellement ses portes devant une foule de 150 personnes derrière le Centre d’activités françaises (CAF). Plutôt que de couper un ruban, deux élèves, Monique Robitaille et Yves Marchand, avec l’aide de Roland Desroches, scient une bûche pour symboliser la difficulté d’obtenir une école secondaire de langue française à Penetanguishene. Une fois la bûche sciée, Roland Desroches, président du CAF, invite les gens à passer à l’intérieur en empruntant la porte de devant, car, dorénavant, les francophones n’accepteront plus de passer par la porte arrière. Bien que 58 élèves soient inscrits à l’ÉSH, ils seront 54 à y demeurer. Ce geste politique se veut un moyen de pression de courte durée, mais, face à l’entêtement du Simcoe County Board of Education et du gouvernement ontarien, l’école restera ouverte toute l’année scolaire. Les élèves de l’ÉSH n’intégreront jamais l’École secondaire Penetanguishene Secondary School.

À la fin août 1979, « la campagne des 10 ¢ », une tactique politique visant à embarrasser le Simcoe County Board of Education (SCBE), est lancée. On demande aux sympathisants de l’ÉSH d’envoyer au SCBE un 10 ¢ ou un chèque de ce montant en précisant qu’il s’agit d’un don pour l’aider à payer la construction de l’école française. À l’automne 1979, une caravane de solidarité de la campagne des 10 ¢ rend visite aux écoles secondaires de langue française de l’Ontario. Le SCBE recevra des milliers de ces 10 ¢ pour Penetanguishene envoyés de partout dans la province et d’ailleurs. Cette campagne s’avère un moyen de mobilisation collective qui touche beaucoup de gens. Le SCBE refusera d’ouvrir les enveloppes de 10 ¢ et, des années plus tard, elles seront remises à l’École secondaire Le Caron. Ces fonds serviront, en octobre 1989, à payer deux plaques commémorant le conflit scolaire, l’une affichée à Le Caron, et l’autre au Centre d’activités françaises (aujourd’hui La Clé d’la Baie).

Le thème de dix retenu pour cette exposition s’inspire de la campagne des 10 ¢. Cette dernière illustre comment un petit geste individuel peut avoir un important impact collectif. La pièce de 10 ¢ est le symbole de la lutte de l’École de la résistance, un combat mené avec solidarité par des élèves, des parents et d’autres francophones de la Huronie avec l’appui de milliers de gens d’ailleurs.

Ni le gouvernement de l’Ontario, ni le Simcoe County Board of Education (SCBE), ne cèdent aux pressions qui suivent l’ouverture de l’ÉSH. À la mi-septembre 1979, la ville de Penetanguishene présente un avis d’injonction au CAF. D’après elle, l’ÉSH enfreint les règlements du zonage municipal et doit donc être fermée. Le 24 septembre 1979, quatre élèves de l’ÉSH participent à une manifestation à Winnipeg au Conseil des ministres de l’Éducation présidé par Bette Stephenson. Cette dernière prévoit dévoiler prochainement une nouvelle politique en matière d’éducation de langue française au niveau secondaire.

L’annonce doit avoir lieu le matin du vendredi 5 octobre. Cependant, le 4 octobre, une fuite pousse la ministre Stephenson à convoquer une réunion d’urgence pour qu’elle puisse présenter sa politique au SCBE et au Comité consultatif de langue française (CCLF). Ainsi, à Barrie, vers 21 h 30, Bette Stephenson annonce qu’il n’y aura plus de nouvelles écoles secondaires françaises en Ontario sauf là où le nombre le justifie. Le gouvernement aidera les conseils scolaires à aménager des « entités françaises » au sein des écoles mixtes. La ministre croit qu’une telle solution peut être réalisée à l’École secondaire Penetanguishene Secondary School dès le 1er janvier 1980 avec 100 000 $ fournis par son gouvernement.

Basile Dorion du CCLF refuse d’annoncer cette nouvelle aux élèves et aux parents de l’ÉSH et demande à Bette Stephenson de « livrer ses propres ordures ». La ministre accepte de se rendre sur-le-champ à Penetanguishene. Le 5 octobre, vers 1 h 30 du matin, 80 parents, étudiants et militants convoqués d’urgence au CAF écoutent la solution présentée par la ministre et la refusent. Pendant un peu plus d’une heure, certains lui posent des questions et d’autres lui font part de leurs mauvaises expériences à l’école mixte.

Dès le lendemain, le blitzkrieg, transformé en guerre de tranchées, reprend. Le samedi 6 octobre, plusieurs élèves de l’ÉSH se rendent à l’assemblée annuelle de l’ACFO provinciale à Sudbury et y font une intervention émouvante. On annonce la démission en bloc du CCLF et la formation d’un conseil scolaire de la Huronie. L’ACFO lance un Fonds de solidarité. L’assemblée accepte spontanément de faire une première quête auprès de ses membres et adoptera dix-sept propositions concernant Penetanguishene.

Bien que découragés par l’annonce de Bette Stephenson, les gens de la Huronie refusent de baisser les bras. Le témoignage de solidarité des délégués au congrès de l’ACFO ranime les braises et renforce la détermination des militants d’aller jusqu’au bout.

Le 11 octobre 1979, lors de l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée législative de l’Ontario, un groupe de 16 jeunes de l’ÉSH exécute un geste spectaculaire baptisé la manifestation silencieuse. Ils s’introduisent dans les tribunes du public de l’Assemblée législative et, sur un signal donné, se lèvent, enlèvent leurs manteaux et se tournent pour révéler des t-shirts au dos desquels, lettre par lettre, s’épelle P-E-N-E-T-A-N-G deux fois. Les manifestants sont placés en face de l’Opposition et les députés du gouvernement conservateur refuseront de se tourner pour les reconnaître. Le groupe se fait expulser, mais l’intervention suscite des questions des députés et une vaste couverture médiatique.

Dans les semaines qui suivent, les organisateurs de l’ÉSH prennent des mesures pour aider les élèves à continuer leurs études. Ils obtiennent des cours par correspondance du ministère de l’Éducation et embauchent cinq enseignants permanents, un directeur d’école, une secrétaire et un animateur culturel. Au cours des mois qui suivent, le Fonds de solidarité pour financer l’école recueillera 90 000 $, mais la somme ne suffira pas à couvrir les dépenses encourues par l’ÉSH.

Les élèves commencent chaque jour dans la Grande salle du Centre d’activités françaises (CAF) en entonnant le chant thème de l’école. Après viennent des annonces qui comprennent une mise à jour des derniers événements politiques. Ensuite, les élèves, répartis en groupes, font des sessions de travail où les enseignants les aident avec les cours par correspondance.

Du 2 au 4 novembre 1979, la Fédération des élèves du secondaire franco-ontariens (FESFO), dont le président, Victor Dupuis et le vice-président, Ken Brennan, sont des élèves de l’ÉSH, tient un congrès spécial sur la Crise à Sturgeon Falls. La FESFO commande la création d’une pièce au Théâtre de la Vieille 17. Quatre comédiens, soit deux professionnels, Jean-Marc Dalpé et Caroline Aveline, et deux élèves de l’ÉSH, Victor Dupuis et Bernadette Marchand, joueront dans cette pièce de sensibilisation, Protégera nos foyers et nos..., qui retrace l’histoire de l’Ontario français et de ses écoles. Entre le 12 février et le 27 mars 1980, elle sera présentée 26 fois dans les écoles secondaires mixtes et françaises de la province.

Le 21 septembre 1979, l’inspecteur des bâtiments et le chef des pompiers de Penetanguishene font une inspection à l’improviste au CAF. Le rapport de l’inspecteur interdit aux jeunes de l’ÉSH d’utiliser le troisième étage du bâtiment et contient trois pages de réparations à effectuer au CAF, comme l’installation de portes coupe-feu et d’escaliers de secours. Ce plan pour fermer l’école se transforme en victoire pour l’ÉSH quand, le 22 octobre 1979, le ministère des Travaux publics du Canada, propriétaire de l’édifice, annonce une subvention de 100 000 $ au CAF pour lui permettre d’effectuer les travaux exigés.

Le 10 décembre 1979, 400 contribuables francophones de la Huronie élisent un nouveau Comité consultatif de langue française. En janvier 1980, une demande d’injonction temporaire contre le CAF demandée par la ville de Penetanguishene pour empêcher l’ÉSH de continuer est refusée. Par la suite, la municipalité laissera tomber l’affaire qui finira par lui coûter environ 2 500 $ en frais d’avocats pour les deux parties. De novembre 1979 à mars 1980, les négociations entre l’ÉSH, le Simcoe County Board of Education et le ministère de l’Éducation marquent le pas. Au cours de cette période sombre, le moral des élèves sera durement éprouvé.

Après presque cinq mois d’impasse, le débat sur l’unité nationale que provoque le référendum québécois sur la souveraineté-association prévu le 20 mai 1980 contribue à faire bouger les choses. Le 24 janvier 1980, des élèves et militants de l’ÉSH rencontrent René Lévesque, premier ministre du Québec, lors de son passage à Toronto. Sans se prononcer, Lévesque donne un appui tacite à l’ÉSH en acceptant d’arborer un macaron rose avec le nom Penetang. Les forces du « Non » au Québec ont trouvé en William Davis, premier ministre ontarien, un allié qui prépare une tournée québécoise en faveur de l’unité nationale pour la fin avril. Les stratèges de l’ÉSH laissent entendre qu’ils talonneront Davis pour dénoncer son hypocrisie.

Le 6 mars 1980, Bette Stephenson, ministre de l’Éducation de l’Ontario, présente enfin une nouvelle solution, soit 500 000 $ pour l’aménagement d’une école provisoire de huit classes temporaires, annexées à l’École Saint-Joseph à Penetanguishene, avec une capacité de 240 élèves. Si les inscriptions atteignent 350 élèves en 1982, la ministre s’engage à reconsidérer la possibilité de bâtir une école distincte. Après des discussions difficiles, la communauté finira par refuser cette proposition.

Le 21 avril 1980, des élèves de l’ÉSH se rendent à Queen’s Park et s’installent dans les corridors devant le bureau du premier ministre Davis pour travailler à leurs cours par correspondance afin de lui rappeler qu’ils n’ont toujours pas d’école.

Le soir du 23 avril 1980, Bette Stephenson rencontre le CCLF et le SCBE pour leur annoncer qu’elle est prête à prendre la proposition de l’annexe à Saint-Joseph et la déménager à un terrain à côté de l’École secondaire Penetanguishene Secondary School. Les deux parties acceptent en principe cette solution. On crie victoire, mais, peu après, il deviendra évident qu’on a gagné une bataille et non la guerre. De nombreux obstacles se présenteront avant, et même après, l’ouverture de l’école.

Même si le 23 avril 1980 le gouvernement de l’Ontario et le Simcoe County Board of Education (SCBE) ont accepté de construire l’école de langue française, les difficultés se multiplient. Les opposants à l’école sont nombreux. Au cours de l’été de 1980, encouragés par un groupe de citoyens, les Concerned Citizens for Bilingual Unity, qui a vu le jour en juin 1979, 17 des 23 gouvernements municipaux du comté de Simcoe adoptent une résolution pour ajouter un référendum sur l’école française à Penetanguishene aux bulletins de vote des élections municipales de novembre 1980. Le 24 octobre 1980, Basile Dorion du Comité consultatif de langue française (CCLF) obtient une injonction pour empêcher ce référendum.

En attendant la construction de la nouvelle école, l’établissement qui n’a toujours pas de nom est baptisé tout simplement l’École secondaire… et aménagé de façon temporaire dans l’ancienne « école de continuation » une école désaffectée située à côté de l’École Sainte-Croix à Lafontaine. Le 2 septembre 1980, le personnel et les élèves commencent l’année scolaire.

Le 23 septembre 1980, la ville de Penetanguishene rejette la demande de changement de zonage du SCBE qui lui permettrait de bâtir l’école française à côté de l’École secondaire Penetanguishene Secondary School. Ainsi, le SCBE doit trouver un autre emplacement pour l’école. Entre-temps, le 24 octobre 1980, le CCLF choisit le nom Le Caron pour la nouvelle école. Finalement, le 28 janvier 1981, le SCBE adopte une résolution pour bâtir Le Caron sur son terrain de la rue John, à l’endroit même où, le 9 octobre 1979, un groupe d’élèves et de militants de l’École secondaire de la Huronie avait effectué une pelletée de terre symbolique pour inciter le SCBE à créer l’école.

La construction de Le Caron débute enfin le 29 juillet 1981. Cette école démontable, pouvant accueillir 220 élèves, coûte 1,2 million de dollars. Le 17 décembre 1981, les 97 élèves de Le Caron prennent possession des nouveaux locaux. Face aux réticences du SCBE et au nombre d’élèves qu’exige le ministère de l’Éducation, l’existence de Le Caron demeure incertaine.

L’ouverture officielle de l’École secondaire Le Caron a lieu le 23 avril 1982, deux ans, au jour le jour, après l’entente de principe pour la construction de l’école. La cérémonie se déroule dans le gymnase plein à craquer et suscite de l’émotion chez les élèves, les parents et les militants.

Cependant, le Simcoe County Board of Education (SCBE) gère à contrecœur cette école qu’on lui a imposée. En février 1982, il affirme que le fonctionnement de Le Caron lui a coûté 280 000 $ en frais supplémentaires. À la fin de l’été 1982, encore une fois, dix-sept municipalités du comté de Simcoe passent une résolution pour dénoncer les coûts de Le Caron. Or, le 15 avril 1983, le vérificateur général de l’Ontario, après avoir examiné les livres du SCBE, annonce que, compte tenu des subventions spéciales reçues par le conseil scolaire pour Le Caron, il a engrangé un surplus de près de 60 000 $ !

En 1983, la lutte entre dans une nouvelle phase. L’absence d’ateliers à Le Caron oblige les élèves inscrits aux cours techniques de se rendre en autobus à l’École secondaire Penetanguishene Secondary School (ESPSS) pour utiliser ses locaux. Le 1er février 1983, ces élèves refusent de prendre l’autobus qui doit les mener à l’ESPSS.

En mai 1983, l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) lance une action légale contre la province de l’Ontario fondée  sur  l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, entrée en vigueur en 1982. Cette contestation judiciaire vise à établir le principe du droit de la minorité francophone de l’Ontario à la gestion scolaire. Les requérants viennent de quatre régions, soit : Penetanguishene (représenté par Augustin Desroches), Iroquois Falls, Wawa et Mattawa. Le 26 juin 1984, l’ACFO gagne ce procès et le jugement qui en découle favorise l’action judiciaire qu’entreprend au même moment un parent de la Huronie, Jacques Marchand, contre le SCBE et le gouvernement de l’Ontario.

Lors de l’assemblée annuelle de l’ACFO provinciale à Sudbury, le 27 août 1983, soit quatre ans après l’annonce de l’ouverture de l’École secondaire de la Huronie (ÉSH), Jacques Marchand de Lafontaine donne une conférence de presse et annonce son intention de traîner le Simcoe County Board of Education (SCBE) et le gouvernement ontarien devant les tribunaux. Cette action déposée en Cour supérieure de l’Ontario le 13 janvier 1984 est menée au nom des parents francophones de la Huronie pour exiger des installations scolaires équivalentes à celles de la majorité anglophone pour les élèves de l’École secondaire Le Caron. Elle a lieu parallèlement au procès intenté par l’ACFO contre la province et se fonde sur l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Appuyé par l’ACFO régionale de la Huronie et financé en partie avec l’aide du Secrétariat d’État du Canada, le procès démontrera que les élèves de Le Caron souffrent d’un manque de services. Le 26 juin 1984, le jugement du procès intenté par l’ACFO reconnaît aux francophones de l’Ontario le droit de gérer leurs écoles. En 1985, le gouvernement de l’Ontario doit modifier sa loi scolaire et y enlever la clause « là où le nombre le justifie » par rapport à l’établissement d’écoles et de services de langue française. Fort de cet appui, la cause Marchand débute le 5 mai 1986 et s’achève le 27 mai. Les arguments présentés au juge Jean-Charles Sirois démontrent que le SCBE a fait du tort à sa communauté francophone et n’a pas géré Le Caron de la même façon que les autres écoles du comté. Le gouvernement ontarien présente des offres d’entente à l’amiable, qui iront de 300 000 $ à 800 000 $ pour enfin atteindre 2,5 millions de dollars. Elles seront toutes refusées.

Le 22 juillet 1986, le juge Sirois donne raison aux parents francophones de la Huronie. Son jugement reconnaît que l’éducation en français n’est pas un droit conditionnel à un financement par élève, mais à un financement par programme. Ainsi, bien que moins nombreux que les anglophones, les francophones ont droit à des services équitables. La province en appellera de la décision. De plus, l’ampleur ainsi que le coût des modifications à apporter à Le Caron feront l’objet de négociations. Le juge Sirois déterminera que la province et le SCBE doivent payer les frais du procès qui s’élèvent à plus de 200 000 $ pour les trois parties. Le 29 octobre 1986, la Cour d’appel de l’Ontario accordera un différé pour l’application du jugement en attendant d’entendre l’appel de la province. En octobre 1986, à la suite de l’adoption de la Loi 75 par le gouvernement de l’Ontario, les Conseils d’enseignement de langue française (CELF), dotés de pouvoir de gestion, sont élus pour remplacer les anciens CCLF. En janvier 1987, le CELF de Simcoe oblige le SCBE de retirer son appel dans la cause Marchand.

En mai 1987, le gouvernement de l’Ontario et le Simcoe County Board of Education (SCBE) laissent tomber leur appel du jugement Sirois. Après des négociations, un plan pour l’agrandissement de l’École secondaire Le Caron est présenté au juge Sirois qui, le 13 octobre 1987, confirme que ce projet respecte son jugement. Toutefois, en février 1988, le gouvernement de l’Ontario signale son intention d’en appeler de cette décision. Quand le juge refuse d’entendre cet appel, le gouvernement reconnaît sa défaite et, le 17 mars 1988, Chris Ward, ministre de l’Éducation, annonce l’agrandissement de Le Caron au coût de 5,7 millions de dollars. Pour sa part, le SCBE versera 531 000 $ envers les travaux. L’école agrandie pourra accueillir jusqu’à 425 élèves. Dotée d’une superficie de 35 000 pieds carrés elle comprendra une nouvelle aile technique, une cafétéria, un gymnase double avec estrade, une salle de musique/théâtre, deux laboratoires de sciences, un laboratoire d’informatique, neuf salles de cours et, conformément à la nouvelle politique ontarienne pour les écoles, une garderie.

Le 6 septembre 1988, Basile Dorion, président du Conseil d’enseignement de langue française (CELF), effectue une première pelletée de terre symbolique devant l’École secondaire Le Caron pour signaler le début des travaux d’agrandissement à Le Caron et la concrétisation de la deuxième, et ultime, victoire après dix ans de lutte.  Les travaux débutent à l’automne 1988. Le samedi 28 avril 1990, dix ans après l’annonce de l’entente de principe devant régler la Crise scolaire de Penetanguishene, l’École secondaire Le Caron rénovée est officiellement inaugurée.